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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 11:12
INTERNET ET PUBLICITÉ. --En l'absence de textes précis, une espèce de « principe de précaution viticole » est poussé jusqu'à l'absurde depuis des mois dans le pays

Ce vin qu'on ne veut plus voir
:César Compadre

Il y a quelque chose de malsain qui gangrène depuis des mois l'espace médiatique dévolu en France aux boissons contenant de l'alcool. Une espèce de frénésie précautionneuse s'est emparée des médias, au point que les sites Internet évoquant ces boissons semblent menacés et que la presse aurait une épée de Damoclès sur la tête dès qu'un article évoquerait une bouteille de vin.
En fait, deux décisions judiciaires ont jeté le trouble. Le 20 décembre 2007, le tribunal de grande instance (TGI) de Paris condamne le quotidien « Le Parisien » pour un dossier jugé trop dithyrambique sur le champagne. La justice requalifie ce contenu journalistique en espace publicitaire. Dans la foulée, en janvier 2008, le même TGI condamne le brasseur Heineken à fermer son site Web ! Une décision confirmée en appel le 13 février. Argument invoqué : la loi Évin, qui encadre depuis 1991 la publicité pour les boissons alcoolisées (texte repris dans le Code de la santé publique), ne mentionne pas Internet parmi les médias autorisés. Et pour cause, le Web n'existait pas à l'époque ! Dans les deux cas, l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), structure dans le giron du ministère de la Santé, avait saisi les tribunaux.


Parapluies ouverts. Suite à ces décisions et à la double insécurité juridique qui en découle, c'est l'ouverture des parapluies ! Beaucoup essayent de se « couvrir » en cas de nouvelles plaintes. Des exemples ? Avant la rediffusion récente du film « Mondovino », la chaîne concernée diffuse un message de prévention, « À consommer avec modération ». Alors que ce message n'est obligatoire que pour les publicités. Un film d'auteur est-il une publicité ? Des éditeurs de presse accompagnent des articles de journalistes - par exemple sur les foires aux vins - d'une mention avoisinante. « Si ce texte est ajouté, c'est que l'éditeur estime que ce contenu est une publicité », avance-t-on à l'Anpaa.
« Si toute évocation du nom d'une boisson alcoolisée constitue théoriquement une publicité, toute forme d'expression culturelle peut être concernée et sanctionnée : plus de match FC Porto-Girondins de Bordeaux, de rubriques gastronomiques, de tableaux avec un verre de vin, etc. », regrette un responsable viticole. Dès lors, où se trouve la liberté d'informer ?
Même frilosité sur le front d'Internet. Orange refuse de prendre des messages publicitaires liés au vin sur ses sites. Une décision prise au sein du Syndicat des régies Internet. À Cognac, des sites comme Camus interdisent leur accès aux internautes s'identifiant en français en page d'accueil. Aucun souci pour l'Allemand ou le Brésilien…
En Bordelais, l'interprofession ne fera plus apparaître l'adresse de son site sur ses publicités (panneaux 4 x 3) pour les foires aux vins. « On s'organise pour expliquer le sérieux de notre profession », explique aussi Michel Rémondat, du site d'information Vitisphere. L'association Vin et Web voit ainsi le jour avec une quarantaine de sites. La réglementation française sur le thème « alcool et publicité », déjà l'une des plus contraignantes au monde, n'avait pas besoin de cet imbroglio.


Blocage à l'Élysée. Mais on peut aller plus loin, jusqu'à l'absurde ! Dans le Gers, Christian Termote, restaurateur et caviste à l'Auberge d'Astarac, près d'Auch, peut en témoigner. La Poste lui a refusé une commande de timbres personnalisés car le motif choisi - dessin de grappes avec un visage et un verre - représenterait une incitation à boire !
Pour mettre fin à ce « principe de précaution viticole » anachronique, une solution : que le pouvoir législatif prenne le relais pour préciser la loi. Depuis des mois, entre commissions stériles et amendements recalés, c'est l'impasse. Du coup, la filière prépare une offensive. D'abord des courriers demandant l'inscription d'Internet sur la liste des supports permis, ainsi qu'une définition claire de la publicité, partiront à l'Élysée. « Car le blocage est là », estime-t-on.
Ensuite, une opération d'envergure, prévue dans un premier temps aujourd'hui et reportée en octobre, doit sensibiliser le public. Des panneaux indiquant des villages viticoles seraient dissimulés comme pour montrer que le seul fait de mentionner Saint-Émilion ou Saint-Estèphe serait illégal...
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